Forum Weed-Land

FAQ - Rechercher - Liste des membres - Groupes d'utilisateurs - Connexion - Inscription

   Weed-Land
   Autres Editions (+ de 2 mois)
   Conte (Janvier 2012)

  Bas
  Page : 1  
Auteur
   Conte (Janvier 2012)  
 
JulEd
Ganja Gourou
Posté le 10/01/2012 à 18:08:32
Voir le profil de JulEd Editer le sujet Répondre à ce message Voir le site internet de JulEd Envoyer un message privé à JulEd  
 
 


Etat du membre Hors ligne
Messages : 4 829
Depuis : 20/09/2009

 

Le Loup de Pompei

Cette histoire se passe à l'époque où l'Empire Romain était le plus puissant du monde. Les légions de l'empereur Titus contrôlaient l'Europe et, après le temps des conquêtes, était venu celui des échanges et de la prospérité.

En ce 24 août 79, le soleil venait de se lever sur la cité de Pompéi, et cette journée d'été s'annonçait magnifique. Dans les petites rues pavées de la riche cité commerçante, une foule de serviteurs se pressaient déjà pour aller chercher au marché les provisions de leurs maîtres romains.

Après une nuit mouvementée, Marcus s'étira. Lui, son épouse Hélène et ses serviteurs n'avaient pas beaucoup dormi parce que sa petite fille, âgée de trois semaines à peine, avait pleuré toute la nuit. Le bébé s'était finalement endormi peu avant l'aube. Pourtant, malgré la fatigue, Marcus était le plus heureux des hommes. A seulement 23 ans, son commerce de vin était prospère, il possédait l'une des plus belles résidences de la ville, avec une vue imprenable sur la plaine et le magnifique mont Vésuve, le volcan qui surplombait la cité. Et il venait d'avoir une petite fille qu'il adorait.

Il traversa la cour intérieure de son petit palais. Les mosaïques représentant Mercure - le dieu tout-puissant des voyageurs et des marchands - qu'il avait commandées était enfin posées sur les sols, juste à temps pour la visite du consul prévue le lendemain.

Avant d'aller se faire habiller par ses serviteurs, Marcus décida d'aller rendre visite au plus étrange de ses amis. Pour cela, il ne pouvait pas passer par la porte principale et risquer d'être vu. Il traversa les cuisines, où il prit soin de se faire découper deux petites tranches de lard, puis il remonta les appartements des domestiques, jusqu'à l'entrée de service qu'il fit déverrouiller. Il s'assura que l'arrière de sa villa était désert et sortit enfin.

Là, il siffla un coup bref. L'animal attendait sans doute dans le chantier de la villa voisine et arriva aussitôt. Il s'agissait d'un magnifique chien-loup, d'une chienne plus exactement. Elle se précipita en remuant la queue et en jappant.
- Tais-toi, malheureuse, tu vas nous faire remarquer ! Que diraient mes gens en me voyant jouer avec toi comme un enfant ?

L'homme lui donna une première tranche de lard en lui caressant la tête. La bête était magnifique, avec de grands yeux sombres et un pelage épais. Marcus s'était pris d'affection pour elle depuis son installation dans sa nouvelle maison, et il ne manquait jamais son premier rendez-vous de la journée avec elle.

Pourtant, ce matin-là, contrairement à son habitude, la chienne n'avait pas envie de jouer, et même si Marcus lui jeta bien le bâton habituel pour qu'elle aille le chercher, elle resta plantée devant lui.
- Tu as bien peu de courage ce matin, lui fit-il, attendri.
Il n'insista pas et lui tendit sa deuxième tranche de lard. A sa grande surprise, la chienne ne la prit pas et le regarda fixement.
- Qu'y a-t-il, tu n'as pas faim ? Tu t'es trouvé un maître plus généreux ?
La chienne se glissa sous sa main, cherchant le contact.
- Eh bien, te voilà bien câline...

Alors que Marcus s'étonnait du comportement inhabituel de la bête, celle-ci se faufila, échappant à ses caresses pour se glisser dans la villa par la porte de service restée entrebâillée.
- Reviens ! appela Marcus. Tu ne peux pas entrer chez moi. Avec tes allures de loup, tu vas inquiéter mes serviteurs et ils vont te chasser !
Marcus entra à son tour, mais la chienne avait déjà disparu quelque part dans son palais. Il fronça les sourcils. Il croisa une de ses cuisinières et demanda, presque gêné :
- Vous n'auriez pas vu une chienne ? Elle ressemble à un loup, elle vient juste d'entrer…

Sa servante, aussi surprise qu'impressionnée de voir son maître lui adresser la parole, eut un regard apeuré et fit non de la tête avant de s'en aller aussi vite que possible. Marcus remonta les couloirs, inspectant chaque pièce, mais sans retrouver l'animal.
Alors qu'il vérifiait les recoins de la cour intérieure, Marcus fut alerté par des cris venus de l'étage. Au milieu de l'affolement, il reconnut la voix de son épouse qui hurlait. Il se précipita vers l'escalier, monta les marches à toute vitesse. Quand il arriva à leur chambre, il découvrit sa femme en pleurs et ses servantes affolées courant en tous sens. Marcus blêmit. Hélène se jeta dans ses bras :
- C'est épouvantable, dit-elle. Une bête, un loup surgi de nulle part, vient d'enlever notre petite fille !

Marcus faillit se trouver mal. Comment un animal qu'il avait aussi bien traité pouvait-il lui faire cela ? Le sang du Romain ne fit qu'un tour, et il dévala les escaliers en donnant l'alerte :
- Fermez-les issues, un loup vient de s'emparer de ma fille ! J'offre de l'or à qui le capturera !

Dans la maison, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Par quel sortilège l'animal avait-il pu réussir ce mauvais tour, et pourquoi restait-il invisible ? S'agissait-il d'une punition des dieux ? Mais pour quelle faute ? Marcus ne savait plus que penser. Tout à coup, un cri s'éleva :
- La bête est dans la ruelle de derrière !

Marcus bouscula ses gens jusqu'à arriver le premier à la porte de service. Il sortit comme un diable et là, à l'autre bout de la ruelle, la chienne le regardait, tenant dans sa gueule la petite emmaillotée dans ses langes. A cet instant, elle avait tout d'une louve sauvage.
- Par pitié, rends-moi ma fille ! hurla Marcus.
La louve ne bougeait pas. Lorsque sa femme arriva à son tour et aperçut l'animal, elle poussa un cri de douleur.
- Au secours, elle va la dévorer ! se lamenta-t-elle.

Bien décidé à sauver son enfant, Marcus s'élança à la poursuite de l'animal, qui tourna les talons et s'enfuit. Hélène le suivait de près. Derrière eux, beaucoup de leurs serviteurs empoignèrent fourches et piques et s'élancèrent à leur tour.


Marcus entendait les cris de sa fille, mais dans le dédale des ruelles, il perdait parfois sa trace. A plusieurs reprises, la chienne s'immobilisa pour les regarder, lui, sa femme et ses gens, lancés à sa poursuite.
- Par Jupiter, rends-nous cette enfant !
Au moment où il croyait l'atteindre, la chienne reprenait sa course folle, éloignant de plus en plus Marcus de chez lui. Evitant les grandes voies, l'animal ne semblait pas décidé à s'arrêter de sitôt.
- Mais où ce monstre emmène-t-il notre fille ? pleurait Hélène.
- Je l'ignore, mais nous ne le laisserons pas faire, répondit Marcus.
L'étrange cortège progressa ainsi vers l'est de la ville. La poursuite dura si longtemps qu'il était déjà midi passé. Epuisés, hors d'haleine, Marcus et les siens continuaient à traquer sans relâche l'animal par lequel le malheur s'était abattu sur la maison.

Au moment où la bête franchit les limites de la cité en direction des collines, Marcus s'inquiéta un peu plus encore. Il redoutait que sa femme n'ait vu juste. La louve entraînait certainement sa malheureuse proie dans les bois des hauteurs pour la dévorer tranquillement.
- Tant qu'il courra, ce monstre ne pourra pas manger notre petite, expliqua Marcus aux siens. Tant que nous sommes après lui, le bébé ne risque rien.
A présent, la traque se poursuivait dans les bois. La ville était loin derrière.


La chienne semblait presque aussi épuisée que Marcus et les siens. Lorsque tous arrivèrent au sommet de la colline, une secousse fit trembler le sol, mais Marcus, trop occupé à ne pas perdre la louve, n'y prêta pas attention. Alors qu'il s'apprêtait à dévaler la pente de l'autre côté, une autre secousse, puis un coup de tonnerre digne d'une colère divine le firent s'arrêter. Il se retourna vers la ville, et ce qu'il vit le glaça jusqu'au sang.

Le volcan était entré en éruption ! Dans une explosion de fin du monde, le mont Vésuve crachait du feu, et d'énormes boules fumantes criblaient Pompéi. Le ciel était plus sombre que jamais et une sinistre fumée commençait à recouvrir la ville.
- Par tous les dieux, souffla Marcus. On dirait que Vulcain attaque notre cité !

Un déluge de cendres et de feu s'abattait sur la ville. Des quartiers entiers n'étaient plus que brasiers livrés à la colère du volcan.


Le spectacle était aussi terrifiant que fascinant, et Marcus et les siens en avaient presque oublié pourquoi ils étaient si loin de la catastrophe, à l'abri sur cette colline.

Soudain, Marcus sentit quelque chose lui frôler la cuisse. Il baissa les yeux… et découvrit la chienne qui déposait sa fille à ses pieds. Avec tendresse, l'animal lécha le visage de l'enfant et releva les yeux vers son père. Submergé par l'émotion, Marcus se laissa tomber près de son enfant et de l'animal. Hélène prit la petite avec soulagement, et Marcus serra la chienne dans ses bras. Il avait les larmes aux yeux.
- Tu nous as sauvés ! lui dit-il, bouleversé de reconnaissance. Tu as pris notre enfant pour nous obliger à te suivre. Sans toi, nous serions tous morts dans cette apocalypse. Tu n'es pas un monstre, mais une envoyée des dieux…


Ce jour-là, la ville de Pompéi fut rayée de la carte. Une seule famille survécut, et on raconta longtemps la légende de la chienne qui l'avait sauvée.


A vos rêves
Zion53

__________________________

Admin' Forum et Jeu

 
  Page : 1

Aller à :

   Weed-Land
   Autres Editions (+ de 2 mois)
   Conte (Janvier 2012)

Haut

Les Cuisinautes : Achetez et vendez vos articles de cuisine de seconde main !



Copyright Mes-Forums
Version 2.3.2 © 2003-2024