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La crise du capitalisme
La crise du capitalisme ne résulte pas seulement de la crise financière et des marchés financiers, mais aussi par les difficultés emblématiques de l'industrie automobile aux Etats Unis. La nationalisation de Fannie Mae et Freddie Mac, les deux géants du refinancement du crédit hypothécaire est symbolique de la crise de Wall Street. En ce qui concerne Main Street, la crise se traduit par le fait que les géants américains de l'automobile sont malades comme ils l'étaient au milieu des années 1970, après avoir dominé le monde depuis l'après guerre, mais il s'agit cette fois de ce qui est qualifié de "crise du centenaire" avec un risque de disparition d'une industrie cruciale pour l'économie américaine.
La crise du capitalisme occidental résulte d'évolutions qui ont en fait sapé les bases du capitalisme dans les pays développées et qui ont faussé l'économie de marché.
Le capitalisme est fondé sur la propriété privée, le marché, le profit et le capital résultant de l'accumulation des profits.
La financiarisation de l'économie dans le cadre d'une globalisation des marchés s'est traduite par une dénaturation de la nature du capital. Dans le cadre d'une surliquidité mondiale la dérégulation a opéré un décloisonnement des marchés de capitaux qui s'accompagnait de la disparition des caractéristiques des capitaux propres dans le cadre d'une notion unique des capitaux où le capital est conçue comme la dette à plus fort rendement parce que la plus risquée. La notion d'apport en capital traduisant l'affectio societatis disparaissait au profit d'une vision d'investissement à court terme où les dirigeants en fait désignés par les actionnaires financiers affectaient à ces investisseurs des flux financiers conformes à une attente de rendement dépassant très largement la rentabilité des entreprises. Les entreprises ont été amenés à réduire leur capital et par ailleurs à financer les prises de contrôle dans le cadre des LBO's. Des LBO's en cascade avec des PER de plus en plus élevés se faisaient avec des valorisations de plus en plus élevées qui étaient utilisées pour justifier ces opérations, alors qu'elles entrainaient de nombreuses défaillances. Les opérations de fusion se sont de façon générale développées, pour dégager des "synergies" qui étaient en fait des réductions de personnel, avec souvent des conséquences désastreuses pour les entreprises (Daimler Benz, Alcatel Lucent, etc.).
Par ailleurs l'endettement des entreprises a été fortement développé. Les techniques de l'innovation financière se sont multipliées pour développer les marchés de crédit en utilisant le haut rendement de dettes à haut risque pour attirer les liquidités dans des produits faisant l'objet de reconditionnement censés réduire et même faire disparaitre le risque. Les restructurations rendues nécessaires par le surendettement permettaient une alimentation supplémentaire des marchés de crédit.
Pour maximiser les flux pouvant être versés par les entreprises aux investisseurs, les entreprises ont opéré des externalisations et des délocalisations massives, qui permettaient de réduire de façon très significative le coût du travail incorporé dans les produits et services. Les entreprises ont substitué la sous-traitance et la fabrication à la demande à la détention des moyens de production. Les externalisations et les délocalisations ont été facilitées par le développement des moyens de communication , et en particulier par l'e-mail . Dans le cadre de la concurrence des états à bas salaire et des délocalisations, les actifs de production ont perdu l'essentiel de leur valeur pour la plus grande partie des activités industrielles. Les entreprises industrielles ont restreint leur activité au marketing, à la recherche (elle-même souvent délocalisée ) . Le développement de centres d'appel a encore restreint l'activité. Toute cette évolution a été très largement facilitée par le développement des nouvelles techniques d'information et de communications. Le développement des produits dérivés et des marchés électroniques a créé la possibilité de fonctionnement virtuel des entreprises, et si cette virtualité n'a pas été totale, elle concerne une partie très importante des activités des entreprises.
La propriété des actifs a été abandonnée au profit d'une "propriété économique" faisant de la propriété une sûreté isolant les actifs au seul profit des financiers. La comptabilité a incorporé au nom d'un principe "substance over form" qui faussait l'image de la situation de l'entreprise car elle ne reflète son patrimoine.
Dans la mesure où les entreprises évoluaient vers une activité qui n'était plus une activité de production interne, avec par ailleurs le développement des activités de distribution et des activités de services, les actifs des sociétés sont devenus principalement des actifs incorporels (marques, brevets, droits d'auteur, etc.) .
La valorisation des entreprises est devenue une estimation des profits anticipés, les actifs étant eux mêmes valorisés suivant le même principe. Les normes comptables sont devenues des règles d'évaluation de cette capacité à générer des flux, pour satisfaire les fournisseurs de capitaux, que ce soit sous forme d'acquisitions d'actions ou de créances ou obligations. Les économistes ont soutenu que la valorisation devait se faire sans distinguer la dette du capital en additionnant au contraire la dette et le capital. Il s'en est suivi une transformation de l'entreprise capitaliste. La notion de "valeur actionnariale" a dénaturé la notion de capital.
Les conséquences sociales de la transformation des entreprises et en particulier des délocalisations a été compensée par l'effet richesse d'une politique laxiste de crédit. Cette politique a amenée aux Etats Unis, en Angleterre et en Espagne en particulier, un boom immobilier qui permettait de financer la consommation des ménages. Ce dopage a par ailleurs créé des emplois dans la construction, les services ( restauration et hôtellerie) et un développement considérable d'une activité bancaire et financière excessivement profitable , en particulier à Wall Street et à la City.
Le développement du capitalisme de production dans les pays émergents, en particulier en Chine et en Inde, mais aussi au Brésil, le développement du transport maritime pour amener des lieux de production aux lieux de consommation dans l'occident, l'enrichissement dans les pays émergents développant la consommation même si ces pays ont beaucoup épargné, a amené des augmentations du prix du pétrole et des matières premières qui ont été amplifiées par la spéculation. Préoccupée par l'inflation la Federal Reserve Bank a augmenté ses taux, ce qui se rajoutant à l'augmentation de l'essence et du fuel et des denrées alimentaires a fait exploser la bulle immobilière aux Etats Unis.
La crise qui s'en est suivi a démontré le caractère artificiel de la hausse des marchés boursiers . Elle démontre le risque systémique d'une financiarisation de l'économie et l'échec du capitalisme financier."
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